Allocutions d'accueil

Philippe ACKERMANN & Dr Henri METZER
Philippe ACKERMANN Psychologue Centre hospitalier Mulhouse,  président de l'APOHR   Dr Henri METZER Délégué à la santé, Ville de Mulhouse
Philippe ACKERMANN

J’ai le plaisir d’ouvrir la 13ème Journée de Psycho-Oncologie organisée par l’Association de Psycho-Oncologie du Haut-Rhin, en partenariat avec le SERFA, l’Université de Haute Alsace, le Comité du Haut-Rhin de la Ligue contre le Cancer, le Centre Hospitalier de Mulhouse, les Hôpitaux Civils de Colmar et avec l’aide du Conseil Général du Haut-Rhin, de la Ville de Mulhouse, du Crédit Mutuel, de certains laboratoires de l’industrie pharmaceutique, des prestataires de services que vous découvrirez tout à l’heure dans le hall.
 
Bienvenue à tous et merci de votre présence qui est pour nous un encouragement à poursuivre ces rencontres qui sont devenues, au fil des années, un rendez-vous attendu où nous avons, je l’espère, un plaisir partagé à nous retrouver.
 
Je dois excuser Madame Danielle PORTAL, la directrice du Centre Hospitalier de Mulhouse, qui regrette de ne pouvoir être des nôtres ce matin.
 
Nous comptons comme invités à ce jour des personnes qui connaissent ou ont connu d’une manière ou d’une autre l’épreuve du cancer. Ce n’est pas très usité dans les colloques ou les congrès de faire une place à ceux qui sont finalement au centre de nos débats. Nous avons toujours pensé et c’est une option que nous défendons, qu’il existe la nécessité d’un aller et retour constant entre réalité vécue, pratique, travail d’élaboration et partage d’expériences. 
 
Depuis la naissance de notre association, de l’APOHR, nous faisons place sous une forme ou une autre à la voix des malades, que ce soit lors de ces journées ou dans le cadre du diplôme universitaire de psycho-oncologie que nous organisons avec l’Université. 
 
Merci aussi à ces personnes qui ont accepté d’être là, au moins déjà comme témoins de nos échanges. 
 
Je vais tout de suite donner la parole au Docteur Henri METZGER, délégué à la santé à la Ville de Mulhouse et qui va également vous souhaiter la bienvenue au nom de la Ville.
 
Henri METZGER

Bonjour à toutes et à tous. Un grand salut de la part de Jean ROTTNER, notre maire de Mulhouse. Nous avons tenu à soutenir cette réunion. Je suis déjà venu voici quelques années et je félicite les organisateurs.
 
A Mulhouse, nous avons constitué depuis de nombreuses années un comité mulhousien de la santé, un réseau santé mulhousien dans lequel la préoccupation éthique fait partie intégrante et est toujours questionnée dans nos activités. Par rapport aux domaines qui vous concernent et dans lesquels vous exercez, la problématique du cancer, en lien avec toutes les associations et en particulier la Ligue dont je salue ici le président, nous travaillons en amont, au niveau de la promotion de la santé, dans le cadre d’un programme que nous appelons « Prenons soin de nous-même et de nos proches ». Il consiste, dans les différents quartiers de Mulhouse, à expliquer ce qu’est le cancer, à diminuer l’inquiétude et la peur que crée rien que le nom de cancer pour permettre, dans les familles et autour d’elles, les réflexes d’aller faire les dépistages du sein, du colon, du col de l’utérus, que ces dépistages soient faits, soient connus, qu’on peut les faire, que c’est remboursé, gratuit, et qu’ils soient faits afin que nous arrivions à lutter contre les inégalités en matière de santé qui s’exercent aussi et malheureusement considérablement dans ce domaine. Des études précises commencent à le montrer. Le dépistage n’est pas utilisé de manière identique selon l’origine, le quartier, etc. 
 
Notre action se déroule donc à ce niveau, par la parole et la compréhension, des moments de lien entre la culture des personnes et ce qu’est la pathologie, la maladie, de trouver des mots pour l’exprimer et de permettre aussi aux personnes de parler. 
 
Je vous remercie encore d’être aujourd’hui à Mulhouse et vous souhaite une très bonne journée de travail dont je sais que la totalité de la population profitera. 
 
Merci.
 
Philippe ACKERMANN

Merci. Un petit mot pour dire que 13ème Journée s’inscrit dans une continuité. Elle est le prolongement, par le choix du thème qui nous rassemble aujourd’hui, de la Journée de 2011 où nous avons abordé la question du cancer qui ne guérit pas.
 
Lors de cette journée de 2011, les différentes interventions et surtout les échanges en atelier ont mis en évidence une préoccupation éthique liée à certaines situations cliniques, préoccupation partagée par l’ensemble des professionnels. C’est donc de façon évidente que le choix du thème de cette année s’est imposé. 
 
Le travail qui a nourri la préparation de cette 13ème Journée nous a fait choisir le titre « Cancer : l’éthique au cœur des soins ». Il faut peut-être s’en expliquer rapidement. 
 
Il nous a en effet semblé qu’un des dénominateurs communs à la diversité de nos engagements était bien le questionnement éthique qui nous pousse à réfléchir à ce que nous faisons, au sens de nos actions, à se poser toujours la question de la relation juste, de ce qu’est l’action bonne et de ce que sont les valeurs qui les fondent. 
 
Ce questionnement devient plus manifeste dans certaines situations cliniques dont la complexité appelle une réflexion interdisciplinaire. Cette réflexion qui s’appuie d’abord sur la parole du patient, sur la nécessité de préserver sa dignité, son autonomie, sa qualité de vie,  se voit souvent contrainte par des pressions familiales, des considérations portant sur le coût de la maladie dont l’importance n’est plus à souligner actuellement. 
 
C’est toujours sur le médecin que repose au final la prise de décision. Vous êtes sans doute, comme nous le sommes souvent, témoins de cette difficulté pour le médecin à porter seul cette responsabilité. Lorsque la décision peut être discutée en équipe, cela permet d’en alléger le poids et de pouvoir, comme le disait un médecin oncologue, de continuer à travailler en cancérologie où nous sommes tous particulièrement exposés sur le plan psychique.
 
C’est avec une invitation que je voudrais conclure ce rapide mot d’accueil, une invitation à réfléchir ensemble, à partager nos expériences et nos questions à partir de ce que vont nous apporter nos invités de ce matin et du travail en atelier qui est prévu cette après-midi.
 
Je vais laisser le soin au Professeur Gustave Nicolas FISCHER, président de cette séance, de vous présenter les invités, nos intervenants de cette matinée, et aussi de donner son éclairage personnel du thème de la journée.
 
Avant de vous donner la parole, je vais dire un petit mot de présentation. Vous êtes docteur en psychologie et avez été professeur de psychologie sociale à l’Université de Lausanne puis professeur de psychologie sociale à l’université de Metz où vous avez créé l’ensemble du cursus universitaire de psychologie avec notamment un DESS de psychologie du travail et un DESS de psychologie de la santé. 
 
Vous êtes aussi professeur invité depuis de nombreuses années dans des universités étrangères telles que Montréal, Lisbonne et Genève et vous vous êtes, c’est peut-être important de le signaler, spécialisé dans trois grandes orientations à savoir la psychologie de l’environnement social et particulièrement l’étude psychologique des environnements de travail, la psychologie des situations extrêmes et notamment celle des grandes épreuves de la vie, la psychologie de la santé centrée essentiellement sur la maladie comme expérience psychique. J’ai eu le plaisir de faire votre connaissance voici quelques mois, à un moment où vous étiez dans l’écriture de votre prochain livre qui porte sur la psychologie du cancer et dont la parution est prévue pour 2013.