La précédente Journée de Psycho Oncologie qui portait sur le même thème a permis d’amorcer la réflexion et de prendre la  mesure des questions que celui ci soulève pour chaque professionnel impliqué dans le soin porté au patient atteint de cancer. En réponse à la demande d’un grand nombre de participants la 9ème Journée se propose d’approfondir cette thématique.
 
Même si chaque professionnel s’implique fortement dans son travail en développant les compétences et les inter-relations nécessaires, travailler dans le champ de la cancérologie reste particulièrement éprouvant, déstabilisant. Pris entre l’attente des patients et des familles, les contraintes  de l’institution, chacun se trouve à devoir gérer des tâches complexes, une responsabilité importante, une charge émotionnelle constante. Comment, dans ces conditions, parvenir à toujours « prendre soin » ? 
 
Le soin en cancérologie est modulé par des étapes, des moments charnières, des seuils, (les annonces, le temps des traitements, celui de la rémission, la récidive, l’arrêt des thérapeutiques curatives…). Ceux-ci mobilisent particulièrement le patient, ceux qui l’entourent,  les différents acteurs des soins. 
Comment dans ces moments si sensibles s’exprime le souci de l’autre ? Quelles en sont les conséquences dans sa pratique personnelle et  les dispositifs collectivement élaborés ?
 
Nous nous proposons de décliner plus particulièrement ces questions:
 

  • au moment de l’annonce
  • dans les différents moments de la maladie
  • quand il n’y a plus de traitement curatif
 
Objectifs des Journées de Psycho-Oncologie :
  • Donner des repères cliniques pour mieux comprendre le retentissement psychique de la maladie.
  • Développer une réflexion et identifier le modes d’actions, les attitudes susceptibles de favoriser la mobilisation des ressources psychiques.
Public :
  • Médecins, psychologues, infirmiers, aides soignantes, autres professionnels de la santé, travailleurs sociaux, impliqués dans la prise en charge de personnes atteintes de cancer.
8h00 Accueil des participants
8h30 Mme Danielle Portal, Directrice du Centre Hospitalier de Mulhouse
M. Philippe Ackermann, Psychologue, Vice président de l'APOHR

Président de séance : Eliane Marx, Psychologue, Psychothérapeute, Responsable de l'Unité de Psyco Oncologie, Centre Paul Strauss, S.O.L. Strasbourg 
9h00 « Prendre soin dans les différents moments de la maladie »
Partick Ben Soussan, Psychiatre, Responsable du Département de Psychologie Clinique, Institut Paoli-Calmettes, Marseille
9h45 « Prendre soin de la personne quand il n'y a plus de traitement curatif »
Walter Hesbeen, Infirmier, Docteur en Santé Public, Institut Perspective soignante, Paris
10h30 Discussion
10h45
à
11h15
Pause café - espace exposants
11h15 « Annonce du cancer du sein : la tentation de Ponce Pilate » 
Dominique Gros, Médecin, Unité de Sénologie, Centre Hospitalier Régional Univversitaire de Strasbourg
12h00 « L'annonce d'un cancer. Une parole qui engage »
Isabelle Moley-Massol, Médecin, Psychanalyse, Hôpital Cochin, Paris
12h45 Discussion
13h00 Repas sur place - espace exposants
14h15 Atelier : Discussion introduite par un travail présenté conjointement par l'APOHR et la Compagnie Arc en Ciel, Théâtre Forum
16h15 Conclusion : Jean Claude Tschiember, Médecin généraliste, coordinateur Réseau Oncologique Sud Alsace (ROSA)
Anne Claire Bucciali, Psychologue, Ligue contre le cancer, Présidente de l'APOHR

1. Prendre soin, dans les différents moments de la maladie

Patrick Ben Soussan
Pédopsychiatre, Responsable du Département de Psychologie Clinique, Institut Paoli-Calmettes, Marseille
Pour des raisons techniques, nous n'avons pu retranscrire l'intervention du Docteur Ben Soussan.

Toutefois, le Docteur Ben Soussan nous a donné l'autorisation de mettre à disposition la présentation qui a servi de 
support à son intervention.

2. Annonce du cancer : la tentation de Ponce Pilate

Dominique Gros
Unité de sénologie, département d’imagerie, Hôpitaux universitaires, F-67000 Strasbourg, France
L'APOHR remercie les éditions Springer Verlag France d'autoriser la publication de cet article pour préparer la 9ème journée de Psycho Oncologie
 
Silencieuse, calme et confiante, Anne m’attend. Elle ne sait rien encore, ne se doute de rien. Moi je sais déjà. Je n’ai pas très envie de lui parler, pourtant il me faudra bien lui dire. Certes, je n’y suis pour rien, n’empêche que c’est moi qui l’ai dé couvert. Maintenant, c’est ma bouche qui va parler. Malgré moi, je vais devenir son bourreau. J’aimerais ne pas la faire pleurer, j’aimerais qu’elle ne souffre pas de ce que je vais lui dire... Je voudrais ne pas être celui qui lui a trouvé son cancer du sein.

Ces moments de l’annonce du cancer, je ne les aime pas. Qui les aime ? Il me revient en mémoire ces propos que les bien portants adressent facilement aux médecins. « Annoncer un cancer ? Moi, je ne pourrais pas... je suis trop sensible ». Les médecins, c’est bien connu, sont insensibles, accoutumés, blasés. Leur fréquentation quotidienne de la souffrance les rend indifférents à la douleur des autres. « Et puis, après tout, n’ont-ils pas choisi leur métier ? A eux d’assumer... » Oui, c’est vrai. À nous de réagir contre cette violence de l’annonce du cancer quand elle nous submerge. À nous d’inventer la parole qui informe, le regard qui apaise, le geste qui donne l’espoir.

3. L’annonce de la mauvaise nouvelle

Isabelle MOLEY-MASSOL
Médecin psychanalyste, Hôpital Cochin à Paris
le compte rendu de cette intervention est retiré du site à la demande de l'auteure. Cette intervention sera reprise dans un livre à sortir prochainement

4. Prendre soin de la personne quand il n’y a plus de traitement curatif

Dr Walter HESBEEN
Infirmier, Docteur en Santé Publique, Institut Perspective Soignante, Paris
L’an dernier, après mon exposé, un intervenant de Marseille était venu me trouver en me disant qu’il était très méfiant des personnes qui se présentaient avec une cravate pour donner des conférences mais qu’il avait apprécié mon exposé. Alors, cette année-ci, j’ose me présenter à vous sans cravate. Apparemment, je ne suis pas le seul à m’être autorisé cela. 
Je vais devoir reprendre un certain nombre de choses que j’avais dites l’an dernier parce que prendre soin de la personne, quand il n’y a plus de traitement curatif, nécessite quand même un « prendre soin ». J’ai été invité au moins à deux reprises, par Patrick Ben Soussan, à essayer de préciser un certain nombre d’éléments. Je ne sais pas si je vais pouvoir répondre à ces attentes mais je vais, tout simplement, vous livrer quelques réflexions autour de ce « prendre soin ».

5. Annonce du cancer du sein : la tentation de Ponce Pilate

Dominique GROS
Médecin, Unité de Sénologie, Centre Hospitalier Régional Universitaire de Strasbourg
Mesdames, messieurs,
Tout comme mon prédécesseur à ce micro, vous pouvez constater que je n’ai pas mis de cravate. Histoire d’être à l’aise ? Si elle est trop serrée, la cravate peut en effet empêcher de respirer. Elle vous prend à la gorge. Tout comme le cancer ! En l’occurrence, je parle du cancer d’autrui, celui que nous sommes appelés à voir et à soigner, nous autres soignants. Ce cancer-là, il nous gêne, il nous trouble, sans que nous en soyons toujours conscients. 
 
« Ne me fais pas peur avec ton cancer, ne me rends pas malade. » 
Peut-on être malade de la maladie de l’autre ? C’est un peu la question qui se pose à travers l’annonce du cancer. Est-ce qu’un soignant peut être malade de la maladie du soigné ? Et si ce soignant est malade, comment le soigne-t-on ?